Monsieur le Ministre,
Au 31 décembre 2011, 2 660 Français étaient enregistrés au registre des Français établis hors de France. Ils constituent la première communauté des pays de l’Union européenne en Syrie et résident majoritairement à Damas et dans ses environs.
Suite à l’état d’insécurité qui règne en Syrie depuis plusieurs mois, et après la fermeture définitive de la Chancellerie détachée de France à Alep, premier Consulat historique au monde depuis 1532, c’est maintenant au tour de l’Ambassade de France, depuis le 6 mars dernier, de fermer ses portes. De son côté, la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères demande à tous les ressortissants français à quitter ce pays.
La situation politique et économique qui prévaut en Syrie depuis près d’un an entraîne une dévaluation de la Livre Syrienne de plus de 40% à ce jour. Les prix des denrées alimentaires et produits de consommation de base ont augmenté de 50 à 100%. Un très grand nombre de familles françaises ont vu en conséquence leur situation financière se fragiliser au cours des derniers mois. Certaines sont aujourd’hui dans l’impossibilité de régler le complément des frais scolaires quand leurs enfants bénéficient d’une bourse partielle ou d’une prise en charge.
Les Français résidant en Syrie, bien souvent bi-nationaux se trouvent totalement démunis face à cette situation, d’autant qu’aucun moyen n’est mis en œuvre pour les accompagner. Comment vont-ils pouvoir continuer à percevoir leurs bourses scolaires ou recevoir les allocations de solidarité ? Comment vont-ils pouvoir voter ? Certains avaient fait des demandes de passeports qu’ils ne pourront obtenir, quelle solution est envisagée pour eux ? Il semblerait que les autorités syriennes ne laissent plus passer les enfants sans passeport étranger par les frontières terrestres ce qui pourrait poser des problèmes si c’était confirmé.
Si nous comprenons parfaitement les raisons politico-stratégiques qui conduisent à la fermeture de l’Ambassade, nous estimons que l’Etat français ne peut pas abandonner plus de 3000 de ses compatriotes et doit pouvoir être en capacité de les accompagner dans cette période particulièrement mouvementée.
Quelles mesures comptez-vous prendre, Monsieur le ministre, pour les Français résidant en Syrie, soit pour un rapatriement, soit pour les aider à une installation dans un autre pays de la Région ?
Jean-Yves Leconte, Hélène Conway-Mouret, Claudine Lepage, Richard Yung. Le 19 mars 2012