Parmi les dates du calendrier qui offrent à la société internationale l’occasion de rendre hommage aux combats des femmes, seule celle du 8 mars a une portée humaniste et internationaliste dans laquelle nous pouvons nous reconnaître. En France, la fête des mères instituée par le régime de Vichy célébrait les mères pour mieux les maintenir dans leur statut de femmes dominées. Sa dimension affective a fait oublier ses origines mais comment accepter que la société marchande réduise aujourd’hui cette fête à un thème publicitaire porteur ?
Seule la journée internationale des droits des femmes correspond au féminisme d’aujourd’hui, journée des Femmes citoyennes, travailleuses, autonomes dans leurs choix de vie, dans leur sexualité.
La journée internationale des droits des femmes trouve son origine dans le militantisme et l’engagement de femmes du début du XXème siècle qui réclamaient entre autres, le droit de vote et de meilleures conditions de travail. En 1977, la journée internationale des femmes est reconnue par les Nations Unies et en 1982 par la France.
Au delà de la riche histoire de cette journée, le 8 mars 2012 est avant tout l’occasion de faire un bilan de la mobilisation des femmes en 2011 et donc de s’intéresser à leur présence dans ce qui a dominé l’actualité : les révolutions arabes. En effet que ce soit en Tunisie, en Egypte, en Libye ou au Yémen les femmes ont joué un rôle important dans le renversement de ces différents régimes dictatoriaux.
A Benghazi par exemple, la révolution a commencé le 15 février par une manifestation des mères de prisonniers disparus en détention. A Tunis ou au Caire de nombreuses femmes étaient également présentes dans les manifestations et ont dû subir, elles aussi, la violente répression orchestrée par des régimes aux abois.
Dans les revendications de ces femmes, on ne trouve pas de demandes exclusivement féminines mais, au contraire la défense de valeurs universelles comme celles des droits humains ou de la dignité.
C’est sans doute aussi pour récompenser toutes ces femmes que le prix Nobel de la paix a été remis à Tawakkol Karman, l’égérie de la contestation yéménite qui pendant plusieurs mois a manifesté avec courage contre le régime du président Saleh dans un pays où les femmes sont soumises à la loi patriarcale en tous les aspects de leur vie personnelle et écartées de la vie politique.
L’appel des Femmes arabes pour la dignité et l’égalité d’aujourd’hui est aussi le nôtre. Femmes françaises expatriées nous connaissons les discriminations que subissent les femmes dans toutes les sociétés : emploi, salaire, droit à la maîtrise et à l’intégrité de leur corps, droit à la dignité dans une sexualité libre et épanouie, lutte contre les violences sexuelles et domestiques , ce sont des combats jamais achevés, nulle part au monde. En ce 8 mars 2012, et en référence au cri « Nous sommes tous des juifs allemands »des étudiants de mai 1968 : En ce jour, nous sommes toutes des femmes arabes
Monique Cerisier ben Guiga