Condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour enlèvement, séquestration, délinquance organisée ou association de malfaiteurs, ainsi que pour possession d’armes et de munitions, Florence Cassez continue de clamer son innocence et pourrait être au centre d’une machination d’après une enquête parallèle retracée dans un documentaire diffusé le 15 novembre sur une chaîne française.
Cette enquête aurait été conduite par l’Eglise mexicaine à la demande du Vatican. Fruit d’un travail mené par 27 enquêteurs ecclésiastiques durant 6 mois, elle conclut à la non-culpabilité de Florence Cassez et fait la lumière sur une étrange coïncidence : l’une des présumées otages de Florence Cassez se trouve être la femme de ménage d’Eduardo Margolis, ancien associé de Sébastien Cassez, frère de Florence, avec qui il était en conflit et à l’encontre duquel il aurait proféré des menaces. L’homme d’affaires entretiendrait en outre des liens obscurs avec l’actuel ministre mexicain de l’Intérieur, Genaro Garcia Luna, déjà éclaboussé au début de l’affaire en 2005 pour avoir mis en scène une fausse arrestation de Florence Cassez devant des caméras de télévision bernées, et dont l’avenir politique reposerait sur ce dossier.
Ce n’est pas la première zone d’ombre dans cette affaire qui suscite de vives tensions diplomatiques entre Paris et Mexico. L’accusation reposerait principalement sur des témoins qui auraient pu subir des pressions ; certains témoignages auraient été mis à mal par des expertises et toutes les pistes pouvant innocenter Florence Cassez auraient été laissées de côté par la police mexicaine. Libre à chacun de prendre connaissance des arguments de l’accusation et de ceux de la défense pour se forger sa propre opinion quant au fond de l’affaire. Néanmoins, nous ne pouvons que dénoncer un certain nombre d’éléments objectifs qui témoignent des irrégularités de la procédure qui a abouti à la condamnation de Florence Cassez :
– Le non respect de sa présomption d’innocence ;
– Le non respect par le Mexique de la Convention de Vienne qui aurait dû permettre à Florence Cassez de consulter une représentation consulaire lorsqu’elle a été arrêtée ;
– Le non respect de la Convention de Strasbourg signée elle aussi par la France et le Mexique, qui devrait permettre le transfèrement en France de Florence Cassez.
Sur ces aspects juridiques, l’opinion publique mexicaine semble se retourner actuellement du fait de l’implication dans la défense de la Française de juristes, journalistes et membres de la société civile de renom.
Français du monde-adfe, engagée depuis sa création pour le respect des Droits de l’Homme et le droit au procès équitable, ne peut qu’espérer que ces principes démocratiques soient mis en application dans cette affaire. Les susceptibilités nationales mexicaines exacerbées par des interventions françaises trop publiques et trop pressantes se retournent contre une jeune femme qui en tous cas ne mérite pas plus que quiconque une peine de prison qui équivaut à une perpétuité réellement effectuée.