Alternatives Economiques a publié en novembre un dossier instructif sur la crise de l’euro. Dix questions clés nous permettent de décrypter des sujets qui font désormais partie de notre quotidien médiatique, mais qui restent généralement très techniques. Extraits.
Faut-il annuler les dettes ?
Oui, certaines, en partie, mais il y a de bonnes raisons d’être prudent. Contrairement aux ménages et aux entreprises, dont les revenus dépendent largement de facteurs qu’ils ne maîtrisent guère, l’Etat a la capacité d’obliger les entreprises et les ménages présents sur son territoire à payer les dettes qu’ils ont contractées à son égard, avant celles qu’ils doivent aux banques ou à d’autres acteurs privés.
De plus, s’il est en difficulté financière, il a aussi la possibilité d’imposer à ses administrés des impôts supplémentaires. Pour ces raisons, les Etats sont considérés comme les débiteurs les plus sûrs.
En conséquence de quoi ce sont aussi eux qui, traditionnellement, bénéficient des taux d’intérêt les plus bas. D’où la gravité particulière de la décision de reconnaître qu’un Etat est insolvable et que sa dette ne sera pas remboursée en totalité : cela grève non seulement sa propre crédibilité en tant que débiteur, mais aussi celle de tous les autres Etats en situation similaire. Conduisant, du coup, à une hausse brutale des taux d’intérêt qui leur sont accordés. Ce qui risque d’avoir pour conséquence immédiate de mettre en situation de faillite des Etats qui étaient déjà en position délicate… […]
Faut-il nationaliser les banques ?
Malheureusement, la propriété publique ne suffit pas à garantir une bonne gestion. Il faudrait emprunter pour payer les coûts d’indemnisation des actionnaires actuels. […]
L’une des solutions pour sortir de ce climat d’inquiétude est de recapitaliser les banques, c’est-à-dire d’augmenter leurs ressources stables, celles qui ne dépendent pas des sautes d’humeur des marchés, comme les prêts de court ou moyen long termes. Certains Etats européens vont donc sûrement demander aux banques d’affecter en priorité leurs profits à un renforcement de leur capital plutôt qu’à remplir les poches de leurs actionnaires. […] Et les banques qui ne susciteront pas assez l’enthousiasme du privé seront recapitalisées par de l’argent public.
Mais, contrairement à ce qui s’est passé en 2008-2009, cette aide ne doit pas être distribuée sans contreparties. Elle doit être l’occasion d’améliorer la gouvernance des établissements par la présence d’un administrateur public, mais aussi d’un représentant des clients, à côté de ceux des salariés et des actionnaires. Leur rôle serait de procéder à l’évaluation de l’impact économique, social et environnemental des activités de crédit de la banque. Ils pourraient également s’assurer que les contrôleurs internes des risques sont bien entendus par les dirigeants et le conseil d’administration. […]
A lire dans Alternatives Economiques n°307, novembre 2011.
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