Le 14 septembre dernier, Marc-Philippe Daubresse (député du Nord – secrétaire général adjoint de l’UMP) a remis un rapport à l’Elysée prônant une réforme du RSA : chaque bénéficiaire du RSA (revenu de solidarité active) en mesure de travailler sera tenu d’accepter un contrat d’insertion de 7h par semaine dans une collectivité territoriale. Si l’idée paraît louable au premier abord, elle semble être surtout l’occasion pour la majorité, de remettre au goût du jour une vieille “martingale” de sa politique économique : l’allègement du coût du travail des jeunes.
Depuis maintenant une vingtaine d’années, la droite parlementaire s’évertue à ne faire baisser le chômage des jeunes qu’en diminuant leur rémunération. “il s’agit surtout d’offrir un sas d’insertion à des personnes qui ne sont pas employables à temps plein immédiatement, explique Marc-Philippe Daubresse. Si l’allocataire refuse deux offres, le Conseil général pourra réduire le montant du RSA, comme c’est prévu par la loi.” Cependant, ce nouveau mécanisme expérimenté depuis le 23 septembre 2011 en Savoie par le gouvernement n’est pas sans rappeler des réformes plus anciennes.
Petit retour en arrière :
– Le 20 décembre 1993, le gouvernement Balladur instaure, à destination des jeunes de moins de 26 ans, le contrat d’insertion professionnelle passé à la postérité sous le nom de CIP. Ce contrat de travail à durée déterminée, fixera la rémunération des “jeunes” à 80% du SMIC, créant ainsi un SMIC jeune qui déclenchera une forte contestation sociale aboutissant le 30 mars 1994 à l’abrogation de la loi.
– Le 16 janvier 2006, le gouvernement Villepin met en place le contrat première embauche (plus connu sous le nom de CPE), à destination des jeunes de moins de 26 ans. Le but est ici d’instaurer une plus grande flexibilité du travail, à travers une «période de consolidation» de deux ans durant laquelle l’employeur pouvait rompre le contrat de travail sans en donner le motif, succédant à une période d’essai équivalente à celle du CDI (contrat à durée indéterminée). Ici on choisit de ne pas jouer directement sur le salaire mais sur ce qu’on appelle en économie les coûts de transactions. En rendant plus flexible le travail, en facilitant notamment les licenciements des jeunes salariés, on contribue à réduire ces coûts de transactions. De la même manière que le CIP, le CPE est vécu comme discriminatoire par la jeunesse française. Après deux mois et demi de mouvement social, le CPE fut abrogé.
En quoi cela nous ramène-t-il à la réforme du RSA?
– le RSA s’adresse en priorité aux jeunes de moins de 26 ans qui n’ont jamais eu accès un un emploi et sont exclus de l’allocation chômage.
– Deuxièmement tout comme le CIP, la réforme du RSA met en place, de manière détournée, un système de SMIC jeune. En effet, une personne isolée verrait son revenu mensuel passer de 411 € (RSA avant emploi) à 544 €. Soit une différence de 133€, qui représente environ 60% du SMIC (214€ de salaire pour 7h de travail/semaine).
Une fois de plus, à l’approche des échéances électorales, le gouvernement essaie de mettre en place des mesures discriminatoires envers la jeunesse française dans le but de faire baisser artificiellement le chômage des jeunes. Le bilan de l’action économique du quinquenat en sera-t-il plus présentable ?
Mehdi Benlahcen