Accueil 5 L'association 5 Stratégies favorisant le bilinguisme chez l’enfant ( Page 3 )

Il est très important qu’il y ait une appréciation sociale de ce bilinguisme. Les personnes entourant l’enfant bilingue doivent valoriser cette riche situation linguistique. Il faut que toute la famille approuve et encourage ce projet.

Il est important que l’enfant soit sensibilisé à l’utilisation des deux langues par leur emploi naturel dans sa vie quotidienne (famille, grands-parents, amis, groupes de jeux organisés entre familles bilingues). Les enfants qui réussissent le mieux leur bilinguisme ont beaucoup d’occasions de parler, de jouer, de communiquer dans les deux langues.

Il faut organiser des visites de la famille monolingue, des amis monolingues, des grands-parents monolingues.  Ces visites sont d’autant plus précieuses si ces personnes parlent la langue  minoritaire. Des voyages dans le pays de la langue minoritaire peuvent être des occasions importantes et riches pour l’enfant car il entend cette langue vivre réellement au quotidien. Oui, il faut faire un effort constant pour créer au maximum ces situations.

L’enfant apprend  à parler en jouant.  Si vous observez de jeunes enfants qui jouent, ils parlent quand ils manipulent des objets, quand ils jouent  avec une petite voiture,  quand ils jouent  avec des legos, des poupées. Des études montrent que plus l’enfant joue avec ses mains (voir le livre The Hand de Frank Wilson), plus son langage se développe. Nous savons depuis des études de Chomsky que le langage et le développement du cerveau sont liés donc il faut laisser cet enfant bilingue jouer avec ses mains, mais lui fournir le vocabulaire pour ses jeux dans les deux langues. Les jeux de société et les jeux de cartes sont des occasions aussi pour parler en jouant. Les chansons apprises par coeur sont une  riche source de langage, de rythme et  d’intonation de la phrase. Il faut limiter mais ne pas exclure l’accès à la télévision, aux jeux vidéos, à l’internet.  Ce sont des activités trop passives d’un point de vue linguistique et d’un point de vue de communication.

En plus, certaines études récentes  aux Etats-Unis montrent qu’il y a un lien entre le fait de regarder la télévision, l’internet, et  les jeux vidéos avant trois ans et les problèmes dus au syndrome d’hyperactivité et de manque d’attention (ADHD).  Les chercheurs pensent que le  cerveau du jeune enfant  est troublé en présence des images sur l’écran.

Il faut lire des livres avec images à l’enfant bilingue dans les deux langues.  Cet enfant va apprendre à lire éventuellement dans les deux langues. C’est un peu plus difficile si les deux langues n’utilisent pas le même alphabet. Il vaut mieux apprendre à lire dans la langue dominante si possible à 5/6 ans et retarder l’apprentissage de  la lecture de l’autre langue d’un an.  L’enfant n’apprend à lire qu’une fois. C’est-à-dire comprendre la relation arbitraire entre les lettres et les mots, comprendre les syllabes d’un mot, comprendre les mots dans une phrase.  Une fois qu’il sait lire dans une langue, il n’aura pas de problème pour lire dans la deuxième langue ; lisant à haute voix, il va se corriger tout seul.  Mais à condition d’avoir bien choisi le livre pour lui.  Le vocabulaire des livres à lire doit être limité au vocabulaire que l’enfant maîtrise oralement avec seulement quelques exceptions.  Actuellement, il existe dans beaucoup de langues des livres avec des niveaux 1,2 3,4 selon la richesse de vocabulaire.  Face à des textes trop avancés l’enfant va vite se décourager.

Pour apprendre à écrire, si les deux langues utilisent le même alphabet, l’enfant va aussi transférer ses compétences, mais il va avoir besoin d’aide avec la phonétique (la relation entre les lettres et les sons) et l’orthographe. Si l’enfant a des difficultés en orthographe dans la première langue , il va falloir l’aider un peu plus dans la deuxième langue.

Chaque enfant a ses propres aptitudes pour apprendre sa première et aussi sa deuxième langue. Il faut que les parents, la famille, les amis soient sensibles aux possibilités de l’enfant et adaptent leurs stratégies en conséquence. L’apprentissage des langues doit se passer sans tension, avec sérénité et toujours avec le plaisir de pouvoir communiquer.

Kersti Colombant

 à lire aussi