Le bilinguisme est le résultat d’une adhésion de toute la famille au projet. La famille doit lutter contre l’érosion de la langue faible et aider les enfants à se construire une identité à partir de deux langues et de deux cultures, tels sont les défis des parents d’enfants bilingues. Et cela doit commencer, si on peut, dès la naissance de l’enfant.
L’acquisition du langage est un sujet complexe et fascinant. La première phase de cette acquisition a lieu lors du babillage. Des études récentes montrent que beaucoup de sons sont similaires dans des langues différentes. Mais le babillage des enfants de 8-10 mois ressemble quand même à la langue qu’on leur parle. C’est donc très important de parler dans les deux langues même aux petits bébés qu’ils entendent les deux systèmes phonétiques très tôt, ce qui va leur permettre de les reproduire…
Les bébés sont très sensibles à la prosodie de la parole. Ils sont capable de reconnaître les différents sons avant même de pouvoir les produire. Ils sont capables de reconnaître même les sons qui ne sont pas présents dans leur langue maternelle. Il ne faudrait pas répéter les sons du babillage, mais les remplacer par un mot qui existe dans les langues qu’on parle au bébé. Par exemple, si on parle français au bébé et si le bébé dit “baba” i l faut répéter “papa”.
Dans la deuxième phase les enfants commencent l’apprentissage des mots. Ils commencent à comprendre des mots souvent vers 8-10 mois, 4 ou 5 mois avant la production du premier mot. La nature des premiers mots dépend de la langue que l’enfant est en train d’acquérir. Les enfants français utilisent plus de verbes (“donne”, “tiens” ,”regarde” ) que l’enfant anglophone qui utilise beaucoup plus de noms d’objets (“firetruck”, “toy”,” apple juice”). Donc, il ne possédera pas, au même moment, les mêmes catégories lexicales dans chacune de ses langues. Vers 2 ans, l’enfant commence à faire des phrases. Dans une même langue le dévelopement grammatical se passe de la même façon pour tous les enfants…souvent l’enfant apprend une règle, l’applique aux verbes irréguliers par exemple (il va dire en anglais “comed” and “goed” quand avant il disait “came” and “went”). Ou en français un enfant dira “il a buvé” sur le modèle de “il a mangé”. Après un certain temps il se corrigera lui-même. Ça ne sert pas à grand chose de corriger à ce stade là. Il est préférable de répondre au message que l’enfant veut transmette plutôt que de corriger des erreurs, tout en répondant avec un modèle de langage correct.
Chaque étape du développement linguistique est caractérisé par des erreurs spécifiques, régulières et identiques chez tous les enfants parlant la même langue. C’est ce que Chomsky appelait “une grammaire universelle” Mais en plus on va constater par phases, des intérférences entre les deux langues, des calques, des constructions créatives. Pour le développement du langage on sait maintenant l’importance du jeu (pas de télévision ou d’ordinateur) où l’enfant manipule des objets avec ses mains, il parle en jouant, permettant au langage de se développer en même temps que le cerveau.
Kersti Colombant