La conférence annuelle de la Conférence-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se tiendra à Cancún au Mexique du 29 novembre au 10 décembre représente une nouvelle étape cruciale dans la lutte contre un phénomène déjà porteur d’impacts négatifs, en particulier dans les pays les plus pauvres.
Sous le feu des médias la conférence de Copenhague en décembre 2009 n’a pas permis d’aboutir à l’adoption d’un traité international contraignant. Ce dernier est nécessaire pour prendre la suite du protocole de Kyoto qui expire en 2012 et qui ne couvre qu’une partie seulement des pays émetteurs de gaz à effet de serre. La déclaration politique adoptée par une majorité de pays à Copenhague peut être porteuse de progrès, en particulier pour les pays les plus vulnérables auxquels d’importantes sommes financières ont été promises. Mais si le principe de limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 degrés a été reconnu, aucun mécanisme crédible n’est à ce jour en place pour que la communauté internationale se donne les moyens d’atteindre cet objectif.
Depuis Copenhague, le soufflet médiatique semble être retombé, alors que les nouvelles scientifiques sont de plus en plus préoccupantes. L’année 2010 est, par exemple, d’ores et déjà considérée comme la plus chaude jamais mesurée. On doit donc s’inquiéter de la lenteur des avancées, comme Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations Unies, qui déclarait en juillet 2010 :« Le changement climatique n’est pas prêt de disparaître. Les risques et le coût de l’inaction augmentent chaque année. Plus nous retardons l’échéance, plus nous sacrifions des opportunités, des ressources et des vies humaines ».
Compte tenu des faibles engagements pris par les différentes parties en perspective de la conférence de Cancun, celle-ci ne devrait pas aboutir à l’adoption du traite international tant attendu un an plus tôt à Copenhague. En revanche, elle doit être une étape clé vers la finalisation d’un accord ambitieux, équitable et juridiquement contraignant lors de la conférence de décembre 2011 en Afrique du sud. Pour aboutir en 2011, les négociateurs doivent prendre des décisions sur les plus gros blocs de négociation, élaborer une vision claire des enjeux et s’accorder sur le processus à suivre. Cela implique tout à la fois l’atténuation des émissions des pays industrialisés, les actions de limitation des émissions dans les pays en développement, le soutien financier à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique et d’adaptation à ses impacts, ainsi que la clarification du cadre juridique et de ses étapes.
Français du Monde ADFE invite ses adhérents à soutenir les initiatives dans leur pays de résidence pour sensibiliser l’opinion et encourager les décideurs à prendre des mesures adéquates, en particulier via le Réseau action climat : http://www.rac-f.org/ et http://www.climatenetwork.org/.
Au delà de ces négociations, il s’agit bien d’engager nos sociétés sur la voie d’une transformation écologique. Cette transition sociétale doit permettre de découpler la déprédation de l’environnement de la notion de « développement ». Des instruments monétaires et fiscaux sont, à cette fin, indispensables, via une finance carbone au service de la solidarité climatique, une taxation des profits sur les flux financiers spéculatifs, une allégement de la fiscalité sur le long terme… Mais nos sociétés sont également interrogées sur les valeurs qu’elles promeuvent. Elles devraient réellement encourager l’intelligence avec l’environnement, l’intelligence relationnelle et sociétale, qui conditionnent la poursuite du bonheur individuel. Nos sociétés, y compris celles qui sont marginalisées, dans leur diversité et leur dialogue sont porteuses des clefs pour sortir de la crise de sens actuelle, car celle-ci est sous-jacente à la crise climatique.