Parmi les sujets les plus controversés, la lutte contre les accaparements de terres, une première au sein des Nations unies, et la vulnérabilité des agriculteurs face au changement climatique. A l’occasion de cette réunion, les associations Oxfam France et Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) lancent une nouvelle campagne intitulée ‘Privés de terre, privés d’avenir’ et proposent des solutions concrètes pour soutenir les agricultures paysannes face à ces deux nouvelles menaces.
‘Depuis 2006, 15 à 20 millions d’hectares ont été acquis par des investisseurs étrangers dans les pays du Sud. Pour lutter efficacement contre l’accaparement des terres et protéger les populations vulnérables, les dirigeants réunis à Rome doivent aller au-delà des mesures volontaires proposées par la FAO et la Banque mondiale, des mesures certes utiles mais loin d’être suffisantes’, souligne Jean-Denis Crola, d’Oxfam France. ‘Le CSA doit devenir l’institution mondiale de référence sur la sécurité alimentaire mais cela ne sera possible qu’à la condition que les pays membres se coordonnent efficacement pour dépasser le statu quo et élaborer enfin un cadre contraignant pour les investisseurs, basé sur le respect des droits humains et environnementaux’, ajoute Jean-Denis Crola. Les questions cruciales de la volatilité des prix ou la création d’un cadre stratégique permettant d’assurer la cohérence des politiques commerciales ou énergétiques – comme celles liées aux agrocarburants – seront également abordées lors de la réunion du CSA à Rome.
‘Nous sommes aujourd’hui face à une situation aberrante où les trois-quarts des personnes souffrant de la faim dans le monde sont des paysans. Un développement durable et humain ne sera pas possible tant que les paysans et paysannes des pays du Sud ne seront pas à la fois soutenus pour améliorer leurs conditions de vie et reconnus comme des acteurs incontournables du changement’, précise Carline Mainenti d’AVSF. Basée sur un solide dossier et un site internet dédié, la campagne ‘Privés de terre, privés d’avenir’ encourage les citoyens à faire pression sur les ministres Christine Lagarde, Jean-Louis Borloo et sur le nouveau directeur général de l’AFD, Dov Zerah, pour lever les contraintes qui pèsent sur les petits agriculteurs et obliger les investisseurs à respecter les droits fondamentaux des populations. Après la réunion du CSA à Rome, plusieurs dates sont cruciales pour l’avenir des agricultures paysannes : la révision de la politique d’investissement de l’Union européenne début 2011 ainsi que la prochaine conférence sur le climat, fin novembre au Mexique (COP16).
* Le Comité de la sécurité alimentaire (CSA) est un organisme intergouvernemental, créé dans les années 1970, qui a été désigné l’année dernière comme l’organisme pouvant coordonner au niveau international les questions de sécurité alimentaire et de nutrition. Sa réforme vise notamment à travailler sur le partenariat global pour l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition.
* La campagne ‘Privés de terre, privés d’avenir’ propose des cartes d’interpellations à renvoyer par voie postale, une pétition en ligne ainsi que des actions de mobilisation et de sensibilisation grâce aux groupes et relais locaux d’Oxfam France et d’AVSF.